Va-t-on interdire aux nouveaux opérateurs et fournisseurs d'accès de venir se raccorder à Internet ?
Remettons le contexte
L'Internet que vous connaissez est un ensemble de machines interconnectées qui se parlent entre elles, votre smartphone et frigo connecté devraient également en faire partie, et ceci grâce à un système d'adressage unique appelé « IP », à la manière des numéros de téléphone +4178xxxxxx mais sur Internet il existe deux types d'adressage depuis 1998 :
– IPv4 qui existe depuis les débuts d'Internet, avant les années 1990, qui ressemble à cela: 185.250.56.1/22 et dont le nombre est limité.
– Et IPv6 qui existe depuis 1998 qui ressemble à cela: 2a0a:db40::1/64, qui est très puissant et avec autant d'adresses que nécessaire qui couvre tous les besoins.
Cet ensemble de machines peut soit parler en IPv4, soit exlusivement en IPv6 (rare) ou les deux, appelé “double pile” ou “dualstack” en anglais.
Si une machine, votre smartphone par exemple, initie une connexion en IPv6, la machine en face, par exemple https://fairsocialnet.ch , si elle parle IPv6 (ce que votre smartphone vérifie avant grâce au DNS), répondra à la requête en IPv6, en l'occurence ici servir le site web de FairSocialNet.
Le principe est le même en IPv4, si une connexion IPv4 commence, ça ne continue que en IPv4.
Pour des questions techniques, il n'y a pas possibilité de faire de passerelle entre les deux protocoles, ce qui amoindrirait les possibilités intéressantes d'IPv6, et je laisse cela pour les personnes voulant s'arracher les cheveux et réparer tous les bugs de tous les routeurs sur terre.
En bref :
IPv4 <–> IPv4
IPv6 <–> IPv6
IPv4 ≠ IPv6
Le problème
Malgré que la communauté avertisse du passage nécessaire à IPv6 depuis des dizaines d'années que l'épuisement des IPv4 allait arriver très vite, au vu du développement d'Internet, il s'avère qu'on se traîne toujours avec des services qui ne sont accessibles qu'en IPv4. Nous sommes en 2023...
Nous sommes donc bien en 2023, et l'opérateur SwissNeutralNet a été un des derniers à obtenir un des tout derniers blocs IPv4 en Europe auprès du registre RIPE NCC en 2018.
Le problème est donc que tout nouvel arrivant n'a aucune possibilité d'obtenir d'adresses IPv4 car elles sont épuisées, et un nombre effarant des personnes administratnt des réseaux ou de simples serveurs n'ont toujours pas rajouté IPv6 et ne se rendent pas compte de l'impact produit sur l'ensemble et la cohésion de l'Internet.
Ceci n'est pas acceptable, et nous devons agir à déployer IPv6 au plus vite, au risque que l'on se retrouve avec les vieux dinosaures [les opérateurs de longues dates ayant acquis plein de blocs] qui ont des paquets monstrueux d'IPv4 en stock, et d'éventuels nouveaux opérateurs qui ne pourraient faire que de l'IPv6, et donc ne pas être accessible de partout.
La portée du non-déploiement d'IPv6
Quand on est une personne qui utilise Internet quotidiennement, on ne se rend pas compte de cela, parce que chaque opérateur a fait en sorte jusqu'à aujourd'hui de pouvoir se trouver des IPv4. Et quand je dis chaque opérateur, c'est autant votre fournisseur de connexion Internet, mobile (4G, 5G, etc) ou fixe/WiFi, ou par le réseau d'ordinateurs de votre entreprise si vous consultez un site web depuis le travail par exemple... que les hébergeurs de sites web, mails, stockage de fichiers, etc, etc etc. Tout l'Internet.
Si on peut résumer, pardonnez ce qui suit mais c'est la vérité, depuis 1998, on est dans un beau panier de personnes de manque de compétences, et dans d'autres cas certaines refuse toute avancée et évolution logique du réseau, ce qui est au final de la négligence. Dans le tas il y a des personnes qui veulent apprendre aussi, et donc dès à présent il faut mettre en place des formations à disposition.
Pour toutes les personnes intéressées, je vais organiser des cours réguliers à prix intéressant, afin de transmettre les bases d'IPv6 et revenir sur les fondamentaux d'IPv4, pour qu'une personne puisse se débrouiller à configurer ses services ainsi et à tester la configuration.
Conclusion
Plus le temps avance sans un déploiement majeur d'IPv6, plus Internet se fragmente et empêche tout nouvel arrivant sur Internet, que ce soit un fournisseur d'accès à Internet, une entreprise qui a besoin d'opérer sur Internet (elles sont nombreuses en Suisse) ou un hébergeur de services type web, la porte se referme durement.
Cela aurait pu être notre association SwissNeutralNet qui milite pour la neutralité du net.
Tout ceci doit passer par des obligations légales et des menaces économiques sérieuses comme le RGPD le fait avec des amendes colossales, il n'y a que cela qui fera bouger l'ensemble, on a déjà attendu 20 ans. En réalité on a perdu 20 ans.
Nous pourrions également nous demander ce que fait l'OFCOM ? Rien malheureusement actuellement, une recherche “IPv6” ne renvoie rien d'utile. Cependant l'Office fédéral de la statistique est plus en avance que l'OFCOM sur la matière:
https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/culture-medias-societe-information-sport/societe-information/indicateurs-generaux/infrastructures/infrastructure-internet.html
Si nous voulons conclure simplement cet article, il s'agit de mettre clairement dans la loi qu'un accès à Internet doit permettre d'y accéder en IPv6, sans cela ce n'est pas un accès Internet et cela ne peut pas être vendu sous le nom Internet.
Cela soulève aussi des questions de souveraineté numérique, trop longues à expliquer dans cet article. Et même si IPv6 est déployé, cela ne veut pas dire que c'est fait correctement, en exemple l'opérateur historique qui change le préfixe IPv6 et qui inclut l'IPv4 dedans. Lorsque l'IPv4 change, tout le préfixe IPv6 change, il faut donc tout renuméroter.
Si vous êtes une personne intéressée à suivre une formation IPv6, que vous connaissez déjà un peu IPv4, vous pouvez m'écrire à florian arobase siegenthaler . mx et je vous enverrai les informations.